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chanson de moi-même

6 octobre 2008

Corée - Beom Kim

1. Comment devenir un arbre

Développez votre corps en le musclant.

Placez-vous au centre d'un terrain - dans un jardin, à la montagne ou dans des champs - avant tout dans un endroit ensoleillé. Retournez si possible sur votre terre natale, mais vous pouvez utiliser n'importe quelle terre, y compris celle d'un grand pot de fleur, pour vous transformer en arbre.

Vous avez les pieds dans la terre, les bras levés et immobiles.

Droit, courbé ou tordu, choissisez une position qui vous ressemble, prenez une position qui sera le reflet de votre personnalité ou de votre caractère. Puis ne pensez plus, ne parlez plus, fermez les yeux et ne bouez plus . Ne demandez à personne d'arroser à vos pieds. Si quelqu'un le fait, soyez heureux mais ne cherchez pas à vous en souvenir. Ne pensez ni à la fatigue, ni à la douleur.

La nuit, vous pouvez manger pour conserver votre nature humaine, mais petit à petit, efforcez-vous de raccourcir le temps passé à manger afin de vous habituer  le plus tôt possible à la vie d'un arbre.

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4 octobre 2008

Chemin de la poitrine pleine

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Chemin de la poitrine pleine
Chemin du grand oiseau de soif

Effacer le dessin
de la balance
que par mégarde nous avons dessinée
du bout d’un pied

Faire tourner nos deux bras
l’un vers l’autre
comme un moulin
à olives ou à prières

L’heure fait des plis
sur la lumière

Le petit poids
de la petite croix du petit jour

La farine des fleurs
moud le pain
de la rivière

L’herbe ne porte pas
encore de nom

Dieu se mange la bouche
C’est ce qui nous fait parler

4 octobre 2008

III

Je sais, j'ai entendu les belles paroles des beaux parleurs qui parlent de la fin et du commencement,

Or moi, de la fin ou du commencement, jamais je n'en parle.

.

Du meilleur commencement quà la minute même ou je parle ne n'en connais pas,

Ni d'occasion plus juste de jeunesse ou d'âge,

Ni d'exemple plus vrai de perfectiion absolue,

Ni de temps plus réel de paradis ou d'enfer.

.

Pression, incessante pression,

Inlassable pression procréatrice d'univers.

.
Surgit de la grisaille la paire antagoniste, substance avec croissance éternellement, le sexe éternellement,

Toujours la croix identitaire, toujours la distinction, toujours la naissance vitale.

.

Pas besoin de grands discours, cultivés comme incultes le savent d'instinct.

.

Certitude vissée au corps, droit comme toise, ferme des muscles bien calés de bassin,

Fort comme cheval, ombrageux, affectueux, électrique,

Moi-même je suis en face du mystère.

.

29 septembre 2008

II

Aux chambres des maisons affluent les parfums, les étagères inondent de parfums,

Dont j'inhale moi-même la suavité, que je connais, que j'apprécie,

Sans me laisser pour autant circonvenir par leur distillation trop excitante.

.

L'air inodore, qui n'est pas parfum, qui n'a pas goût d'une essence distillée,

Sied à ma bouche depuis toujours, j'en suis amoureux fou,

Voyez, au talus sous le bois où je vais, j'ôte mon déguisement, je me mets tout nu,

je brûle de le sentir toucher ma peau.

.

Mon haleine qui fume,

Ondes, échos, susurrements, souches d'amour, fil soyeux, fourche et vigne,

L'acte d'inspirer, d'expirer, le battement de mon coeur, le transit du sang avec l'air dans mes poumons,

Vertes ou sèches, les feuilles dans mes narines, l'odeur du rivage, des rochers sombres de la mer, celle du foin dans la grange,

La musique des mots éructés par ma voix qui se dissout dans les ressacs du vent,

Les intermittents baisers légers, les brèves étreintes, l'embrassade,

Le damier de l'ombre avec la lumière dans les arbres aux branches qui oscillent doucement,

Le plaisir de se retrouver seul ou dans la cohue des rues, sur le versant d'une colline, au milieu des champs,

La sensation de bonne santé, le trille aigu du plein midi, ma chanson au saut du lit pour saluer le soleil.

Un millier d'acres, c'est beaucoup pour toi ? la terre, pour toi, c'est grand ?

T'aura-t'il fallu toutes ces années pour apprendre à lire ?

Crois-tu donc, vaniteux, que tu comprends le sens des poèmes ?

.

Reste avec moi une nuit et un jour, tu verras, tu maîtriseras l'origine absolue des poèmes,

tu maîtriseras la richesse de a terre et du soleil (un million de soleils inconnus encore à découvrir!),

Jamais plus tu n'accepteras rien de deuxième ou de troisième main ni ne verras par les yeux des morts, ni ne te nourriras des spectres livresques,

Ni ne regarderas rien par mes yeux ni ne prendras rien de ma main,

Mais, oreille ouverte à tous les vents, seras ton propre filtre.

28 septembre 2008

I

P1000564

photo pierre saison - ardres - 2008

.

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Je me célèbre moi-même, me chante moi-même,

Toi tu assumeras tout ce que j'assumerai,

Car les atomes qui sont les miens ne t'appartiennent pas moins.

.

Je flâne, j'invite mon âme à la flanerie.

Flânant, m'incline sur une tige d'herbe d'été que j'observe à loisir.

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Ma langue, l'ensemble des atomes de mon sang, façonnés par le sol d'ici même, l'air d'ici même,

Ma naissance, ici même, de parents eux-mêmes nés ici comme les parents de leurs parents avant eux,

Trente-sept ans ce jour, santé parfaite, je commence,

Comptant bien ne plus m'interrompre avant la mort.

.

Congédiés les credo, congédiées les écoles.

Ayant pris mesure exacte d'eux sans mépris mais avec du recul,

J'accueille, est-ce un bien est-ce un mal, je laisse s'exprimer sans frein

La Nature hasardeuse dans sa vierge énergie.

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